À un lecteur

Je souhaite que tu m’écoutes
Et que tu lises mes doutes
Je sens mes mots incomplets
Vides de sens, sans objet
Sans ton regard pour les lire
Pour les lire et les relire

Je te confie mes remords
Tu n’en as pas conscience
Et pis encore
Je suis gêné en ta présence
Et blessé par ton absence

T’ayant permis d’accéder
À mon intimité
Une part de moi vit en toi
À tout jamais

Une fois cette porte franchie
Dès lors que dans mes mots tu lis
Ce que je suis et qui je suis
Il n’y a point de retour possible

Tu as lu en moi, lu mes émois
Je ne peux plus me cacher
Il n’y a plus d’invisibilité

C’est une étonnante nudité
Que de s’exposer par les mots
Une fragile intimité
Que de révéler son fardeau
Une terrifiante vacuité
Que de n’avoir lecteur de ses maux

C’est un plaisir coupable
Dont ta présence m’accable
Comme un désir insatiable
De te faire lire tous mes vocables

Je veux sonder mon âme avec toi
Soulager mes peines avec toi
Partager mes joies avec toi
Lâcher prise avec toi

C’est une étreinte non-charnelle
Dont les vertus sont bien réelles
Que de partager ce qui nous lie
Te faire boire mes vers jusqu’à la lie

Publié par

Nicolas Lafarge

Rédacteur indépendant dans ma vie professionnelle, je poursuis l’écriture dans ma vie personnelle. Sur Des mots qui marquent, je laisse s’échapper les récits, les poèmes et les pensées qui me trottent dans la tête.

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