I Will Be

Quel genre de chansons aimez-vous écouter pendant les fêtes de fin d’année ? Au-delà des classiques que l’on trouve dans toute bonne playlist de Noël, il me semble que l’univers musical de Florence + The Machine, teinté de magie et de féerie, se prête tout particulièrement à l’atmosphère apaisante du mois de décembre. La chanson « I Will Be » a été composée pour un jeu vidéo, Final Fantasy XV. Les paroles s’avèrent très simples, mais elles suffisent à un amoureux des mots comme moi, parce qu’elles disent tout juste cela : ne pas se laisser enterrer par le silence, c’est le meilleur moyen d’exister au monde. Je trouve que cette promesse faite à soi-même, celle de parler, de s’exprimer, et ce faisant de vivre, constitue une belle pensée à avoir en tête, tandis qu’une année s’achève et qu’une autre commence. 

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Thank you, I love you

On nous met souvent en garde : avant d’aimer l’autre, il faut s’aimer soi-même. Je souscris pleinement à cette théorie ; pour autant, il ne fait aucun doute qu’il est plus simple de s’accepter lorsque se porte sur nous un amour sincère, entier et désintéressé. Comme toujours, la vérité est quelque part au milieu : je pense que la clé de l’épanouissement est de devenir capable de nous aimer pour ce que nous sommes, d’une part, et de nous entourer de personnes capables du même exercice, d’autre part. Les paroles de la chanson que je partage avec vous aujourd’hui renvoient à cette deuxième nécessité. Elles remercient l’être aimé pour le présent inestimable que constitue son affection : une force si puissante et si enivrante, qu’elle permet à celui qui se trouvait piégé dans un puits sans fin de sortir, enfin, la tête de la pénombre. Il me semble que je dois, moi-même, exprimer ma gratitude à une certaine personne, qui m’offre, chaque jour, le même cadeau.

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Migratory animals living under changing weather

Elle fut unique comme elle fut étrange, cette année. Elle nous est apparue amputée de quelques mois, que nous avons passés confinés et immobiles ; et pour autant elle nous a aussi semblé anormalement longue, comme si le temps avait pris un malin plaisir à nous la rendre interminable. Difficile à endurer, parfois injuste à un point qui en devenait risible, 2020 n’aura épargné personne — et pourtant, si je devais en retenir une leçon, c’est notre capacité, collective comme individuelle, à nous adapter à toutes les circonstances. Je garde avec moi, au terme de ces douze mois, une immense foi en notre résilience. Il y a en nous tous une force de vivre incommensurable, qui nous permet, face aux obstacles, de nous transformer, de nous pousser en avant. De nous adapter — pour continuer à travailler, pour continuer à rire, pour continuer à nous émouvoir, pour continuer à nous aimer — pour continuer à vivre, et non seulement à survivre. C’est donc cette étonnante capacité à vivre, vivre, vivre quoi qu’il en coûte, que je souhaite mettre en lumière aujourd’hui, avec les paroles d’une chanson qui me parait conclure 2020 sur une note d’espoir : Obstacles. Les obstacles que nous n’avons pas su voir venir lorsque nous étions trop innocents, et ceux que nous apprenons à anticiper à mesure que nous grandissons. Les obstacles qui nous rendent, malgré tout, plus forts à chaque fois, ceux auxquels nous nous adaptons à chaque fois — car après tout, nous sommes tous des animaux migrateurs, habitués à vivre dans des climats changeants. Continuer la lecture Migratory animals living under changing weather

Things seem so unstable, but for a moment we were able to be still

C’est encore une chanson, et c’est encore Florence Welch : nul doute qu’elle est l’artiste dont la sensibilité trouve le plus de résonance en moi, et que les paroles qu’elle écrit se teintent d’un écho tout particulier dans mon cœur. Dans « No Choir », elle rappelle combien le monde est mouvant et inquiétant, dangereux et instable ; mais elle évoque surtout ces parenthèses qui, parfois, comme un miracle fort inattendu, viennent ordonner le désordre. La solitude ne nous quitte jamais véritablement – « Always Lonely », clame une illustration dessinée par Florence Welch elle-même – mais on parvient parfois à la mettre de côté, en la compagnie d’un « quelqu’un » qui sait nous la faire oublier. « C’est dur d’écrire sur le bonheur », confie Florence. Je suis on ne peut plus d’accord. J’ai toujours pensé qu’il fallait être malheureux pour être inspiré. Pourtant, ce texte prouve le contraire. Alors, que puissent perdurer les parenthèses. Continuer la lecture Things seem so unstable, but for a moment we were able to be still

I’d Rather Be Dry, But At Least I’m Alive

On n’est jamais seul quand il y a la musique. On dit qu’elle adoucit les moeurs, et c’est vrai. C’est beau, les chansons, parce qu’elles traversent les époques avec vous, et que les émotions que vous ressentez aujourd’hui en les écoutant sont différentes de celles que vous ressentiez il y a dix ans – et quand même, c’est toujours vous, et c’est toujours la même chanson. Des « mots qui marquent », des mots qui me marquent, il y en a beaucoup. On en voit, on en lit et on en entend, de partout, tous les jours. Des grands mots, des petits mots ; de discrètes voix et de grands auteurs. Et parfois, les mots qui nous marquent, ce sont les mots tout simples, les mots sans prétention, d’une chanson pop qui vient de se révéler au monde. Il ne faut jamais sous-estimer les paroles des tubes populaires. Elles paraissent bien modestes, cachées derrière la voix de stars grandiloquentes, derrière des chorégraphies stylées, des instrus rythmées, des costumes iconiques. Mais parfois, ce sont justement ces mots-là qui arrivent pile au bon moment, pile au bon endroit, et visent tout juste où ils devaient viser. Il suffit parfois d’une Lady, tout sourire et toute fière d’avoir changé en paillettes les douleurs qui sont les siennes, qui vous confesse qu’elle a tant et tant pleuré qu’elle préférerait ne plus jamais verser une seule larme – mais qu’en attendant, et tout du moins, lorsqu’elle pleure, elle est en vie. J’ai écouté cette chanson à sa sortie, au petit matin, et j’ai été bien incapable d’écouter quoi que ce soit d’autre pendant toute la journée qui a suivi. Je crois bien que l’explication se trouve dans ces petits mots qui marquent. Alors, qu’il pleuve sur moi – et que mes larmes soient la preuve que je suis plus vivant que jamais. Et à toutes les chansons qui arrivent au bon moment. Continuer la lecture I’d Rather Be Dry, But At Least I’m Alive

Dès que l’être humain est seul il bascule dans la déraison

Pour un bon nombre d’entre nous – et j’en fais partie – cette période de confinement est synonyme d’une solitude extrême et exacerbée. Dans « Écrire », Marguerite Duras parle de solitude. Et d’écriture. Et du lien de cause à effet entre les deux. Il faut être seul pour écrire, sans doute parce qu’il faut être seul pour penser ; mais cette solitude n’est pas sans dommages collatéraux. L’extrait que je partage aujourd’hui m’a été révélé par l’un de mes amis les plus proches, il y a quelques temps, un jour où je me sentais très seul (je n’ai pas attendu le confinement pour cela). Ces temps-ci, j’y pense beaucoup. Continuer la lecture Dès que l’être humain est seul il bascule dans la déraison

La peur du feu

Il est sans doute des lectures plus joyeuses en cette journée de Noël, mais en ce qui me concerne, je me sens habité par un court texte que j’ai découvert récemment (en introduction d’un épisode du podcast Transfert, que je vous conseille vivement), dans lequel l’écrivain David Foster Wallace tâche de décrire ce que ressent une personne qui décide de mettre fin à ses jours. Cette métaphore de l’incendie, qui m’a semblé absolument juste et poignante, m’est restée dans la tête, et m’a également inspiré l’écriture d’un texte sur lequel je travaille actuellement. En attendant d’en finir la rédaction, ce sont ses mots à lui que je partage. En cette journée particulière, qui peut être éprouvante pour certains, n’oubliez pas toutefois que nul n’est jamais vraiment seul, et qu’il y a toujours une porte à laquelle frapper pour trouver du soutien. Continuer la lecture La peur du feu

Monsters

Cornelia Geppert n’est pas une autrice (ou une auteure, écrivez-le comme bon vous semble mais féminisez-le, nous sommes en 2019), mais elle est une artiste malgré tout. Elle est à l’origine d’un jeu vidéo sorti cette année – et ceux qui me connaissent bien savent qu’hormis l’écriture, le jeu est l’une de mes plus grandes passions. « Sea of Solitude » est un jeu qui parle, précisément, de la solitude, de la dépression, et de cette vérité qui m’habite depuis que je l’ai entendue de la bouche de Cornelia Geppert elle-même, sur la scène de l’E3 où elle était venue présenter son jeu : « Quand les humains se sentent trop seuls, ils se transforment en monstres. » Rien ne me semble plus juste que cette phrase. Et s’il me reste encore à ce jour à jouer à « Sea of Solitude », que je n’ai pas eu l’occasion de tester, cette citation continue de me frapper et même d’animer certaines des histoires que j’ai en tête. Continuer la lecture Monsters

Rage against the dying of the light

Dylan Thomas écrivit ce poème au refrain entêtant – une vilanelle, en jargon littéraire – pour honorer la mémoire de son père, alors mourant. C’est l’une de ses œuvres les plus (re)connues – c’est aussi mon poème préféré de toute la littérature anglophone. « Rage against the dying of the light » : « Rage contre la lumière qui se meurt ». Il y a tout dans ce vers : Thomas y implore son père, bien sûr, lui ordonne naïvement et vainement de ne pas mourir, de ne pas s’engouffrer « into that good night », « dans cette bonne nuit » ; mais aussi, de manière moins littérale, il rappelle, nous rappelle, l’importance de lutter pour vivre, de vivre coûte que coûte, de garder la rage de vivre, même lorsque la lumière se meurt. Continuer la lecture Rage against the dying of the light

Il n’est pas vraiment vivant à moins qu’il ne soit en train de créer

« Sans la possibilité de créer de la musique, de la poésie, des livres, des édifices, ou n’importe quoi d’autre qui ait du sens, [l’esprit créatif] n’a plus de raison d’être. » L’article initial de mon blog disait cela : le regret que je ressentais d’avoir laissé la vie « d’adulte » me rendre plus utile et fonctionnel que curieux et créatif. J’ai longtemps ressenti un manque, un mal-être, et je pense qu’il venait de là : à trop enfouir, étouffer mon imagination, je me suis détourné de ce qui était en réalité le plus important pour moi. Ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on produit, ce que l’on créé – c’est dans l’acte de création lui-même que naît l’épanouissement et l’accomplissement de l’être. Continuer la lecture Il n’est pas vraiment vivant à moins qu’il ne soit en train de créer