Il est sans doute des lectures plus joyeuses en cette journée de Noël, mais en ce qui me concerne, je me sens habité par un court texte que j’ai découvert récemment (en introduction d’un épisode du podcast Transfert, que je vous conseille vivement), dans lequel l’écrivain David Foster Wallace tâche de décrire ce que ressent une personne qui décide de mettre fin à ses jours. Cette métaphore de l’incendie, qui m’a semblé absolument juste et poignante, m’est restée dans la tête, et m’a également inspiré l’écriture d’un texte sur lequel je travaille actuellement. En attendant d’en finir la rédaction, ce sont ses mots à lui que je partage. En cette journée particulière, qui peut être éprouvante pour certains, n’oubliez pas toutefois que nul n’est jamais vraiment seul, et qu’il y a toujours une porte à laquelle frapper pour trouver du soutien.
La raison qui pousse au suicide la personne dont la souffrance invisible atteint un degré insupportable est la même que celle qui pousse une personne piégée par un incendie à se jeter d’une haute fenêtre. Ne vous méprenez pas sur ces personnes qui sautent d’un bâtiment en flammes. La chute leur inspire la même terreur qu’à vous ou à moi si nous étions devant la même fenêtre pour contempler la vue ; c.-à-d. la peur de la chute reste une constante. La variable, c’est l’autre terreur, celle du feu : de ces deux terreurs, quand les flammes se rapprochent, celle de la chute est la moindre. Vous ne désirez pas tomber, vous fuyez les flammes.
– DAVID FOSTER WALLACE, Infinite Jest, 1996.