Je ne fais qu’une chose, c’est que je ne fais rien

Dans ma tête, mille idées fourmillent à la seconde. Il suffit que je me laisse aller à quelconque rêverie pour qu’ici une envie naisse, là un souhait apparaisse. Que je songe encore quelques instants pour qu’émerge une histoire à écrire, un jeu auquel jouer, une chanson à écouter, un endroit où aller.

Tant de projets, tant de possibles, tant de perspectives, qui se bousculent, s’amoncellent, s’entrechoquent dans ma tête – sans même que j’aie à le vouloir, sans même que j’aie à fournir quelconque effort. Mon esprit sait, sans que nul n’ait à le guider, ce qui est bon pour lui.

Si seulement mon corps lui donnait raison.
De l’idée à sa mise en œuvre, le lien, trop souvent, me fait défaut.

Dès lors que je veux faire, non plus penser à faire ; que je veux dire, non plus penser à dire ; mille obstacles intérieurs se dressent devant moi, et contre moi. Si l’énergie qui anime mes idées est vive, plus forte et plus tenace est celle, destructrice, qui me maintient et m’enferme dans l’apathie et la paresse.

Tant d’idées, tant de projets – mais par lequel commencer ? Le plus simple est encore de n’en suivre aucun. Mais alors, je ne fais rien. Je ne fais qu’une chose, c’est que je ne fais rien.

Où part donc ma volonté lorsque j’ai besoin d’elle ?

La vie me semble une lutte permanente, incessante, inlassable contre moi-même. Je reste immobile, figé sur place. Je ne bouge pas, je n’agis pas. Mon corps est allongé, l’esprit fourmille d’envies, mais rien ne se passe. Tel est mon état naturel. Si je ne me faisais pas violence, c’est ainsi que je passerais chaque seconde, chaque minute, chaque heure, chaque jour.

Quand bien même je parviens à agir – bien moins souvent que je ne le souhaiterais – c’est au prix d’un effort démesuré, d’un combat acharné pour me sortir de la monotonie. Pourquoi donc le « faire » implique-t-il de se battre à ce point ?

Puisque j’ai bien compris, puisque j’ai bien constaté, que l’immobilité me rendait malheureux, alors pourquoi dois-je lutter pour agir ? Quel sens y a-t-il à ce que la voie la plus tentante, la plus simple, soit celle de l’inaction, celle qui m’est néfaste ?

Question plus troublante encore : pourquoi donc l’immobilité me fait si mal ? Qu’y a-t-il dans ma vie, dans nos vies, qui nous donne à ce point peur du vide que l’on passe l’essentiel de notre temps à tâcher de le remplir ?

Comme je suis en train d’écrire ces lignes, déjà, il m’apparaît que je fais un pas de plus vers le chemin qui m’est profitable. Mais la lutte est harassante. Cela demande de l’énergie, de vivre.

Publié par

Nicolas Lafarge

Rédacteur indépendant dans ma vie professionnelle, je poursuis l’écriture dans ma vie personnelle. Sur Des mots qui marquent, je laisse s’échapper les récits, les poèmes et les pensées qui me trottent dans la tête.

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