Il existe dans mon cœur une force qui me tire vers le bas.
Non pas qu’elle soit une entité consciente, volontairement néfaste, dont le dessein serait de m’entraîner vers la souffrance.
C’est plutôt qu’elle est née de la souffrance, précisément, et qu’elle n’a jamais appris à se nourrir d’autre chose. Par conséquent, lorsque la douleur disparaît, elle cherche à tout prix des moyens de la raviver, car c’est de cette douleur qu’elle s’alimente. Dans les moments de joie, elle recherche désespérément les ténèbres qui l’ont vue naître. Elle ne sait que faire de ces émotions légères et grisantes qui lui semblent fondamentalement étrangères, et convoque le souvenir des peines familières.
On peut perdre l’habitude d’être heureux.
Accepter la lumière prend du temps. Peut-être mon cœur saura-t-il s’ouvrir au bonheur lorsqu’il admettra qu’il est fait à parts égales d’ombre et de lumière, et qu’il ne se définit ni complètement par l’une, ni complètement par l’autre, mais par la somme parfaite de ces deux choses.
Être heureux, ce n’est pas fuir le malheur, c’est tendre vers la lumière en portant fièrement son ombre avec soi.