Dès que l’être humain est seul il bascule dans la déraison

Pour un bon nombre d’entre nous – et j’en fais partie – cette période de confinement est synonyme d’une solitude extrême et exacerbée. Dans « Écrire », Marguerite Duras parle de solitude. Et d’écriture. Et du lien de cause à effet entre les deux. Il faut être seul pour écrire, sans doute parce qu’il faut être seul pour penser ; mais cette solitude n’est pas sans dommages collatéraux. L’extrait que je partage aujourd’hui m’a été révélé par l’un de mes amis les plus proches, il y a quelques temps, un jour où je me sentais très seul (je n’ai pas attendu le confinement pour cela). Ces temps-ci, j’y pense beaucoup.

À vivre comme ça, comme je vous dis que je vivais, dans cette solitude, à la longue il y a des risques qu’on encourt. C’est inévitable. Dès que l’être humain est seul il bascule dans la déraison. Je le crois : je crois que la personne livrée à elle seule est déjà atteinte de folie, parce que rien ne l’arrête dans le surgissement d’un délire personnel.

– MARGUERITE DURAS, Écrire, 1993.

Publié par

Nicolas Lafarge

Rédacteur indépendant dans ma vie professionnelle, je poursuis l’écriture dans ma vie personnelle. Sur Des mots qui marquent, je laisse s’échapper les récits, les poèmes et les pensées qui me trottent dans la tête.

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