Les non-résolutions

La nouvelle année. L’occasion de chances inédites, ou la simple continuité de ce qui se déroulait auparavant ? Doit-on, et peut-on vraiment, recommencer à zéro sous prétexte que nous avons, une fois de plus, complété un tour du calendrier ? Est-il seulement possible de faire abstraction du passé ? 

Je crois au contraire que nous l’emportons toujours avec nous, et que même avec le désir ardent de nouveaux départs, nous nous révélons incapables de l’abandonner en chemin. De ce fait, il est vain de penser qu’il y a de l’avant et de l’après. Il n’y a que du présent, de l’ici et du maintenant. 

L’émotion, l’énergie, la volonté : tout change d’une seconde à l’autre. À nous d’accueillir ces dernières et de déterminer quoi faire des suivantes. Chaque instant nous donne l’occasion d’un nouveau départ.

Adieu les bonnes résolutions et les grandes décisions. Vivre suffit. Adieu les « carpe diem » : nous pouvons parfois convenir que d’aujourd’hui nous ne cueillerons aucune fleur, et nous contenter d’être là. Adieu les injonctions, y compris celles que nous nous imposons à nous-mêmes. Peut-être est-ce possible, peut-être est-ce souhaitable, de simplement composer avec les humeurs du jour, les envies du jour, les pensées du jour. Survivre les jours vides pour vivre les jours pleins.

L’être humain est humain parce qu’il vit, non parce qu’il produit — c’est là ce qui nous distingue des machines. Nous ne sommes pas la somme de nos accomplissements, nous sommes chaque pas que nous franchissons pour les accomplir. Nous ne sommes pas une liste de tâches, nous sommes des êtres fluctuants, évoluant dans un monde en mouvement. 

La multitude d’objectifs qu’il nous reste à concrétiser ne constitue en aucun cas un échec, mais une opportunité. C’est le signe que notre cœur s’agite et que notre cerveau remue. Soyons fiers de nos non-accomplissements, chérissons-les encore plus que nos succès.

N’ayons pas peur de nous tromper, de renoncer, de prendre plus de temps que prévu : tout ce qui compte, c’est d’essayer. Il ne faut jamais juger la modestie des premières tentatives, la grandeur des petits débuts, car elle est une première pierre posée, un premier pas franchi, une promesse faite à nous-mêmes. 

Publié par

Nicolas Lafarge

Rédacteur indépendant dans ma vie professionnelle, je poursuis l’écriture dans ma vie personnelle. Sur Des mots qui marquent, je laisse s’échapper les récits, les poèmes et les pensées qui me trottent dans la tête.

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