Boum

Boum. Boum. Boum.

Off with your head – Dance til you’re dead.

J’adore cette chanson, bordel. Heads Will Roll. Les Yeah Yeah Yeahs. Ça vieillit pas. Je m’en lasse pas. Du rock un peu dark, qui assassine la nuit, et la fait mourir d’une violente agonie. Dans le genre « meurtre sur le dancefloor », c’est ce qu’on a fait de mieux depuis Sophie Ellis-Bextor.  Danse jusqu’à la mort, danse jusqu’à ce qu’on te coupe la tête ; danse, danse, danse sur ces notes graves et ténébreuses, sur cette ligne de basse entêtante qui te fait sombrer dans la nuit la plus noire, qui te fait plonger au plus profond de tes tripes. Les hommes crient et pleurent, les femmes crient et pleurent, et ils dansent, et elles dansent – dansent, dansent, dansent jusqu’à leur mort. Des têtes vont tomber, et le pire, c’est qu’on va aimer ça. Continuer la lecture Boum

Feed me with sorrow

Il existe dans mon cœur une force qui me tire vers le bas.

Non pas qu’elle soit une entité consciente, volontairement néfaste, dont le dessein serait de m’entraîner vers la souffrance.

C’est plutôt qu’elle est née de la souffrance, précisément, et qu’elle n’a jamais appris à se nourrir d’autre chose. Continuer la lecture Feed me with sorrow

Par la fenêtre

Par la fenêtre, la ville s’étendait à perte de vue. Dans la grisaille, les immeubles dessinaient des droites parallèles, et de leur ombre, écrasaient la ville tout entière. Cette vision d’une capitale démesurée, depuis l’endroit où je me tenais, laissait la désagréable impression d’être trop petit dans un monde trop grand. Continuer la lecture Par la fenêtre

Aujourd’hui, Papa est mort

Jusqu’ici, je n’avais pas pleuré. Ou alors, je ne m’en étais pas rendu compte.

Pour la quatrième fois, peut-être la cinquième – j’avais arrêté de compter – Brothers in Arms, la chanson de Dire Straits, résonnait religieusement dans cet endroit déconcertant, qui avait tout d’une chapelle ou d’une église, sans pour autant en porter le nom. Il y avait bien les bancs, le pupitre, les fleurs, les vitres décorées… Le cercueil. Mais les murs étaient peints dans une couleur pastel qui semblait hors de propos. Le carrelage blanc cassé était froid, impersonnel, comme celui de l’hôpital. On percevait là toute l’ironie des obsèques laïques, bien incapables de s’affranchir des codes religieux, tant l’inconscient collectif les a assimilés au deuil. Continuer la lecture Aujourd’hui, Papa est mort

Heurts divers

« Oh là, là, ça y est, il va faire nuit tout le temps ! On part le matin, il fait nuit, on rentre le soir, il fait nuit… Et puis là en plus c’est novembre qui va arriver, et novembre, moi je déteste ! C’est froid, c’est gris… C’est maussade ! Tellement déprimant ! Mais du coup, on dort une heure de plus ou une heure de moins ? Continuer la lecture Heurts divers

Phobie administrative

14h46 à sa montre. Mathieu sentit son estomac se nouer.

Merci, les grèves de transport… Il était pourtant parti avec vingt minutes de marge. Il n’était maintenant plus temps de traîner, l’entretien était à quinze heures, et l’on avait précisé à Mathieu qu’il devait se présenter dix minutes à l’avance. Il continua de remonter la rue de Prévert, pressa encore le pas, tourna sur l’avenue Clerc, et arriva enfin au pied de l’immeuble où on lui avait donné rendez-vous. Continuer la lecture Phobie administrative